Extrait : Dans son article « Est-ce que Google nous rend stupides ? », Nicolas Carr rapporte une anecdote montrant combien le support de l’écriture affecte en profondeur le contenu littéraire. En 1882, relate-t-il, afin d’augmenter sa précision et de pallier la baisse de ses facultés visuelles, Nietzsche se procura une machine à écrire. Celle-ci lui permit en effet de sauver son écriture, mise à mal par les difficultés de sa concentration sur une page à écrire manuellement. Mais aussitôt, comme le remarqua un ami compositeur du philosophe, le style de Nietzsche se modifia. Sa prose, connue pour son laconisme, devint encore plus concise et télégraphique dans ses textes dactylographiés. « Peut-être que, lui écrivit alors cet ami, grâce à ce nouvel instrument, tu vas même obtenir un nouveau langage ». Le philosophe lui répondit qu’en effet, « nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées ». La machine à écrire, loin d’être un outil neutre, déconnecté de l’objet littéraire qu’elle contribue à produire, exerce donc une influence directe sur la teneur de l’œuvre créée. Ainsi cette technique fut-elle le moteur d’un tournant interne à la philosophie nietzschéenne, qui la fit passer, comme le souligne le spécialiste des médias Friedrich A. Kittler, « des arguments aux aphorismes, des pensées aux jeux de mots ».
Lien : Mémoire MAC HEC Ariane Mayer
Extrait : Dans son article « Est-ce que Google nous rend stupides ? », Nicolas Carr rapporte une anecdote montrant combien le support de l’écriture affecte en profondeur le contenu littéraire. En 1882, relate-t-il, afin d’augmenter sa précision et de pallier la baisse de ses facultés visuelles, Nietzsche se procura une machine à écrire. Celle-ci lui permit en effet de sauver son écriture, mise à mal par les difficultés de sa concentration sur une page à écrire manuellement. Mais aussitôt, comme le remarqua un ami compositeur du philosophe, le style de Nietzsche se modifia. Sa prose, connue pour son laconisme, devint encore plus concise et télégraphique dans ses textes dactylographiés. « Peut-être que, lui écrivit alors cet ami, grâce à ce nouvel instrument, tu vas même obtenir un nouveau langage ». Le philosophe lui répondit qu’en effet, « nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées ». La machine à écrire, loin d’être un outil neutre, déconnecté de l’objet littéraire qu’elle contribue à produire, exerce donc une influence directe sur la teneur de l’œuvre créée. Ainsi cette technique fut-elle le moteur d’un tournant interne à la philosophie nietzschéenne, qui la fit passer, comme le souligne le spécialiste des médias Friedrich A. Kittler, « des arguments aux aphorismes, des pensées aux jeux de mots ».
Lien : Mémoire MAC HEC Ariane Mayer
Extrait : Dans son article « Est-ce que Google nous rend stupides ? », Nicolas Carr rapporte une anecdote montrant combien le support de l’écriture affecte en profondeur le contenu littéraire. En 1882, relate-t-il, afin d’augmenter sa précision et de pallier la baisse de ses facultés visuelles, Nietzsche se procura une machine à écrire. Celle-ci lui permit en effet de sauver son écriture, mise à mal par les difficultés de sa concentration sur une page à écrire manuellement. Mais aussitôt, comme le remarqua un ami compositeur du philosophe, le style de Nietzsche se modifia. Sa prose, connue pour son laconisme, devint encore plus concise et télégraphique dans ses textes dactylographiés. « Peut-être que, lui écrivit alors cet ami, grâce à ce nouvel instrument, tu vas même obtenir un nouveau langage ». Le philosophe lui répondit qu’en effet, « nos outils d’écriture participent à l’éclosion de nos pensées ». La machine à écrire, loin d’être un outil neutre, déconnecté de l’objet littéraire qu’elle contribue à produire, exerce donc une influence directe sur la teneur de l’œuvre créée. Ainsi cette technique fut-elle le moteur d’un tournant interne à la philosophie nietzschéenne, qui la fit passer, comme le souligne le spécialiste des médias Friedrich A. Kittler, « des arguments aux aphorismes, des pensées aux jeux de mots ».
Lien : Mémoire MAC HEC Ariane Mayer