Yuk Hui et Harry Halpin – 16/09/2014


Abstract

L’avenir herméneutique du web : enjeux épistémiques et épistémologiques des réseaux sociaux

Séance du 16 septembre 2014, enregistrée au Centre Pompidou (Salle Triangle)

Le séminaire Digital Studies se déroule à Paris entre septembre 2014 et janvier 2015. Chaque séance invite deux membres du réseau Digital studies (lancé lors des ENMI 2012), à faire une intervention qui sera par la suite éditorialisée au moyen de technologies et protocoles contributifs. Si l’objet du séminaire est principalement la digitalisation des activités humaines, il cherche à explorer en général, au-delà de la problématique strictement numérique, la place de la technique dans les phénomènes épistémiques. Après l’inauguration du séminaire le 25 mars 2014 avec David Bates (Berkeley), cette seconde séance a été consacrée aux interventions de Yuk Hui et de Harry Halpin.

Yuk Hui, chercheur au Center for Digital Cultures de l’Université de Leuphana, a effectué son post-doctorat à l’IRI, où il travaillait avec Harry Halpin autour du projet « Social Web ». Il a présenté les acquis cruciaux de cette recherche, qui proposait une relecture de la pensée psycho-sociale du début du XXème siècle, en particulier celle de Jacob Levy Moreno, à la lumière de l’épistémologie des réseaux sociaux. Après avoir exposé les enjeux de la sociométrie de Moreno, dont les sociogrammes et cartographies étaient destinés à rendre visibles et intelligibles les phénomènes sociaux, et avoir mis en évidence le présupposé de l’atomisme social qui sous-tend la pensée, Yuk Hui met les idées de Moreno en lien avec les réseaux sociaux comme Facebook, qui peuvent mener à la désindividuation. En s’appuyant davantage sur Simondon, Yuk Hui a alors posé les fondements du projet « Social Web », qui tente de s’affranchir de l’atomisme social au profit d’une épistémologie du groupe et des collectifs, tels qu’ils soient basés sur des projets.

Harry Halpin, membre du W3C, actuellement chercheur invité au MIT et à l’IRI, a également travaillé avec Yuk Hui autour du projet « Social Web ». Son intervention du 16 septembre s’est focalisée sur la question du web à venir et en particulier celle de la constitution du web. Il a tout d’abord retracé un historique du web, « rêve d’une intelligence collective transformé en cauchemar », qui a commencé avec les visions d’un web ouvert d’Engelbart et de Tim Berners-Lee, promouvant le contributif et le partage des connaissances, pour en venir aux révélations de Snowden sur la NSA et le programme PRISM. Enfin, il a présenté les projets de constitution du web soutenus par Tim Berners-Lee comme par Snowden, constitution qui soit à la fois une codification des droits de l’internaute et un codage matériel de l’internet. La prochaine étape en vue de cette « magna carta » du web est une réunion du W3C qui se tiendra à Londres le 29 septembre : « The web we want ».